Création d'un essai
Tout ce que j'aurais voulu savoir avant de me lancer2023-09-05
J’ai récemment publié mon premier essai vidéo ! Sans surprise, je parle de monades. :)
Créer une vidéo plutôt que d’écrire un article est une idée qui date d’il y a environ un an ; le but, c’était d’apprendre quelque chose de nouveau, d’essayer quelque chose de différent. Je suis parti de rien : aucune expérience du montage, pas de micro décent… Avec le recul, je suis partagé : je suis heureux d’avoir réussi à finir un projet, plutôt que de l’abandonner à mi-chemin, mais en même temps, maintenant que je comprends mieux le travail qu’un projet comme celui-ci implique, je regarde le résultat et je n’y vois que mes erreurs…
C’est pour ça que j’ai voulu écrire cet article. Son but est d’établir une liste de mes observations a posteriori, tant positives que négatives, pour moi (pour m’y référer pour d’autres vidéos), mais aussi pour tout lecteur curieux.
Écriture
Ma seule expérience comparable à l’écriture d’un essai dans ce genre, c’est les présentations, conférences, ou classes que j’ai organisées par le passé. Leur structure est relativement similaire : il y a une idée principale que j’essaie de faire passer et pour laquelle j’argumente, et l’argumentaire est segmenté en sections, chacune essayant de faire passer un argument, un bout d’information, le tout accompagné d’un support visuel.
Pour préparer une présentation, j’ai tendance à me focaliser sur les slides : elles dictent le rythme de la présentation. Je ne prépare pas vraiment des phrases spécifiques pour chaque slide : ce qui compte c’est le message que je veux faire passer, les mots exacts importent peu.
Mais ce dont je me suis rendu compte, c’est que s’il est parfaitement acceptable d’hésiter ou de se reprendre quand on parle en public, en live… ça ne l’est pas dans le contexte d’une vidéo sur YouTube, enregistrée depuis le confort de son salon. Il est difficilement excusable de laisser des bafouillements dans le produit final.
C’était une leçon difficile, parce que je bégaye un peu (plus en français qu’en anglais d’ailleurs ?). En conséquence, chaque phrase du produit final a du être enregistrée au minimum deux fois, et parfois bien plus, juste pour avoir une version utilisable… Pour réduire le problème, pour ré-enregistrer toutes les sections de “voix off”, j’ai changé d’approche et ai utilisé un script. Lire du texte est bien plus facile que d’essayer de trouver une formulation à la volée, et a considérablement réduit le nombre d’erreurs. Ça m’a également facilité la tâche quand est venu le temps d’écrire les sous-titres, puisque j’avais déjà le texte.
Pour résumer, mon premier point clé : il est important d’avoir un script, et même peut-être d’utiliser un prompteur. Préparer les grandes lignes et improviser n’est pas suffisant.
L’angoisse de la page blanche
Mais la raison pour laquelle j’ai essayé d’improviser, c’est que je trouve très difficile d’écrire un script précis à l’avance. La majorité du script a été écrit à la volée, après avoir tout filmé, pendant l’enregistrement des sections en voix off. Je trouve très difficile de tout écrire avant de faire une première répétition, un premier enregistrement, qui me permet de voir ce qui marche, ce qui ne marche pas, quel rythme je dois adopter… J’ai essayé d’utiliser de la reconnaissance vocale (celle de Google Docs) pour voir s’il était possible d’enregistrer un brouillon et d’avoir un script, mais le résultat n’était pas d’une qualité suffisante pour être utilisable.
Ce qui m’a débloqué, c’était de me mettre devant la caméra, et d’enregistrer. J’ai immédiatement réalisé ce que je devais changer, et comment continuer. En revanche, en raison de contraintes de planning, ce premier enregistrement est devenu définitif : toute les scènes filmées dans le produit final viennent de ce premier brouillon improvisé… Si vous trouvez que les sections filmées ont plus d’hésitations et un moins bon rythme… c’est pour ça.
Donc, pour résumer, la leçon à retenir : toujours commencer par enregistrer un brouillon. C’est la meilleure manière d’éviter l’angoisse de la page blanche, de voir ce qui marche et ce qui ne marche pas… ce premier enregistrement peut même servir à créer un brouillon du montage final. Mais si enregistrer un brouillon est à faire tôt dans le processus, filmer une version définitive vient en dernier. Si des corrections de dernière minute sont nécessaires, tout le reste est facile : changer une slide, réenregistrer une ligne de la voix off… mais filmer nécessite du maquillage, de la mise en place, ajuster les lumières et s’assurer de la continuité avec les autres séquences… Filmer en dernier, quand tout le reste est prêt, c’est minimiser le risque de devoir filmer une deuxième fois ou de devoir faire des coupes agressives au montage.
Vidéo
Je n’ai pas de caméra ou d’appareil photo de bonne qualité : j’ai simplement utilisé mon téléphone. Plus spécifiquement, j’ai utilisé DroidCam OBS pour utiliser mon téléphone comme source dans OBS sur mon ordi. L’avantage, c’était que je n’avais pas besoin de transférer les vidéos depuis mon téléphone pour pouvoir les utiliser : j’ai un feedback visuel direct sur l’écran de mon ordi, et je peux arrêter et reprendre l’enregistrement sans toucher mon téléphone. Le résultat était parfaitement satisfaisant, et je n’ai pas vraiment de leçon à retenir, à part peut-être le fait qu’un téléphone est largement suffisant.
Il y a en revanches deux choses que je veux améliorer la prochaine fois :
- le flux n’était pas stable à 60FPS, et ça peut se percevoir par endroits dans la version finale : c’est probablement parce que mon téléphone était connecté en WiFi, pas par USB, donc c’est probablement un problème facile à corriger ;
- utiliser mon téléphone me limite à du 1080p, qui est également la résolution à laquelle j’exporte la version finale, ce qui signifie que tout zoom ou recadrage réduit la qualité du résultat ; là aussi c’est visible mais pas choquant dans ma vidéo.
Plus spécifiquement, ce problème de résolution vient du fait que j’ai filmé d’un peu plus loin que nécessaire, pour éviter des problèmes de mise au point : j’ai du jeter mes deux premiers enregistrements pour cette raison. Le premier s’était focalisé sur l’arrière-plan, le deuxième un peu trop sur mon visage. Filmer de plus loin a donné un meilleur résultat, marchait mieux avec la façon dont j’avais installé mes sources de lumière… et j’ai juste recadré le résultat au montage. La prochaine fois, j’essaierai de voir si je peux obtenir un bon résultat juste avec le zoom optique de mon téléphone, ce qui éviterait (ou en tout cas réduirait) ce problème de résolution.
Pour résumer, une évidence : toujours commencer par un test du setup, plutôt que de se rendre compte a posteriori que la mise au point n’est pas correcte…
Son
Avoir un son de bonne qualité est essentiel. Un adage courant dit que la plupart des spectateurs peuvent pardonner une mauvaise qualité d’image, mais peu peuvent supporter un son de mauvaise qualité. J’ai investi dans un microphone dynamique, dans l’idée qu’il capterait moins de sons indésirés qu’un microphone à condensateur. Je ne connais pas assez le domaine pour être sûr à 100% que c’était le bon choix, mais ce que je peux constater c’est que le résultat est plus que décent pendant les sections en voix off. Investir dans un bon micro en vaut le coup.
En revanche, un inconvénient de ce micro : il a une portée relativement courte. Dans les parties filmées, le micro est un tout petit peu trop loin comparé à mon setup pour les parties en voix off. Là aussi, c’est un problème trivial à corriger, et c’est une évidence : inclure le son dans les tests du setup…
Deux autres améliorations à tester la prochaine fois :
- utiliser Audacity au lieu d’OBS pour la voix off, pour avoir plus de contrôle (j’ai noté quelques perturbations dans le son, et je pense que ça vient de la compression d’OBS ?) ;
- investir dans un filtre anti-pop : j’ai remarqué à plusieurs moments que les consonnes plosives étaient un peu trop prévalentes. Je ne pourrai probablement pas utiliser un tel filtre avec mon micro dans les sections filmées si je veux que mon visage reste visible, mais pour la voix off ça pourrait faire une vraie différence.
Montage
Tout le montage a été réalisé avec DaVinci Resolve 18. Je n’avais aucune expérience de montage, ni avec ce logiciel ni avec aucun autre, donc il me serait difficile de faire une analyse comparative. Mais : c’est un logiciel gratuit, qui marche, et qui est capable de bien plus que de ce dont j’ai besoin.
Mais il y a un point de détail qu’on m’a signalé et que je veux souligner ici : pour les sections filmées, dans la mesure du possible, il est préférable d’éviter les fondus enchaînés. Il en reste un dans la version finale que j’ai oublié d’enlever, vers le début… C’est juste une question de style, pas une erreur technique : ce n’est pas vraiment à la mode, tout simplement.
Et enfin, là aussi, une évidence : il est préférable d’organiser tous les fichiers du projet (les clips vidéos, les clips sonores, les illustrations, les effets sonores…) dans le même dossier, plutôt que de les importer dans le projet de n’importe où. Ça semble évident avec le recul, mais je n’y ai pensé qu’un peu tard.
Accessibilité
Un point important à ne pas oublier : les sous-titres. Toujours inclure des sous-titres. Exporter le script en fichier texte et l’importer dans YouTube marche surprenamment bien en ce qui concerne le timing. En revanche, leur algorithme coupe les phrases de manière un peu arbitraire, et ça m’a pris plusieurs heures de travail pour obtenir un résultat correct. La prochaine fois j’essaierai de voir s’il y a un format spécifique que YouTube attend, que je pourrais utiliser pour gagner du temps.
Deux autres remarques importantes au sujet de l’accessibilité, pointées du doigt dans les commentaires :
- inclure un avertissement si la vidéo contient des images clignotantes, pour éviter des crises d’épilepsie ;
- éviter de n’utiliser que de la couleur pour faire passer une information: il est important que toute information à l’écran soit lisible par les personnes daltoniennes.
Et au delà !
C’était un premier pas, et j’ai énormément appris, mais je me rends mieux compte désormais de l’ampleur de ce que je ne sais pas, de la profondeur du sujet. Mais, au final, ce projet a été un succès : ma vidéo n’a pas eu une très grande audience, ce qui n’est pas très surprenant pour un sujet aussi spécifique et sans public pré-établi, mais les retours ont été très positifs. Ma conclusion, la leçon la plus importante, c’est tout simplement : il n’y a pas besoin de grand chose pour se lancer. J’ai utilisé mon téléphone, et des logiciels gratuits : mon seul achat, c’était le micro (dont j’avais besoin de toute façon : je travaille à distance, et je ne veux pas infliger un micro moyen à mes collègues au quotidien), et une lampe qui fait également support pour téléphone. Si vous avez envie de créer vos propres essais, vos propres vidéos, mais que vous êtes effrayé·e·s par l’ampleur de la tâche, j’espère que mon expérience (réussir à produire quelque chose avec rien de plus qu’un brouillon sauvé au montage) réussira à vous convaincre de vous lancer. :)
Je vais essayer d’appliquer toutes ces leçons pour mes prochaines vidéos ; j’ai
quelques idées en tête, mais encore rien de concret. Mais en attendant, j’espère
que ce “débrief”, cet aperçu de l’envers du décor, était intéressant, et n’oubliez pas de vous abonner, de partager, et de laisser un commentaire !